Bien souvent, quand quelqu’un dit qu’il est éditeur, cela signifie qu’il peut être :
- Chargé d’édition
- Directeur d’ouvrages ou directeur de collection
- Lecteur dans un panel (mais là, c’est qu’il se la pète un peu quand même)
Laissons de côté la troisième option : le lecteur a pour mission de trier et pré-sélectionner les ouvrages reçus (bénévolement ou moyennant une pige de soixante euros par manuscrit), pas de les éditer.
A quoi sert un chargé d’édition ?
Le chargé d’édition (ou responsable éditorial) est un salarié d’une maison d’édition qui a pour mission de suivre le livre, depuis sa conception jusqu’à sa mise sur le marché. En fonction de sa compétence et de sa charge de travail, il peut être soit une ressource, soit un pivot.
Dans le premier cas, le chargé d’édition est un interlocuteur privilégié de l’auteur pendant l’écriture et la relecture du livre ; il lui propose des idées, le conseille dans ses choix et l’oriente pour que son texte colle au style voulu par la maison d’édition.
Dans le second cas, le chargé d’édition se contente souvent de relancer l’auteur pour lui rappeler sa deadline puis d’assurer les allers-retours avec le travail de relecture, la conception graphique et la fabrication du livre afin que le calendrier initial soit respecté.
Dans un cas comme dans l’autre, je rappelle aux auteurs qu’ils restent propriétaires de leurs oeuvres : vous pouvez et vous devez discuter si un point de désaccord émerge, si les corrections proposées ne vous conviennent pas ou si la couverture qu’on vous propose est pourrave… et c’est parfois les trois en même temps !
C’est votre nom qui sera sur la couverture donc vous devez négocier pour produire un ouvrage qui soit satisfaisant pour vous ; il ne s’agit pas de faire la diva (les sommes en jeu n’en valent souvent pas la peine…) mais d’argumenter pour défendre vos idées. Et surtout, c’est à vous que reviendra d’assurer la promotion du livre, or si vous n’aimez pas votre propre livre, qui l’aimera pour vous ?
A quoi sert un directeur de collection ?
Le directeur de collection est responsable de la ligne éditoriale d’une collection au sein d’une maison d’édition. Sa première activité consiste donc à trouver de nouvelles idées et de nouveaux auteurs pour développer (ou renouveler) sa collection. Il intervient également sur la relecture du manuscrit et le choix de la couverture.
Quand on parle de directeur d’ouvrages, c’est la même fonction mais souvent plus transversale, avec un travail sur des livres au sein de plusieurs collections, sans pour autant « diriger » une collection en particulier.
Même si la fonction est prestigieuse, elle recouvre des réalités très variées. Dans les grandes maisons d’édition, le directeur de collection est salarié avec un statut cadre et les chargés d’édition travaillent sous son autorité. Mais dans la plupart des cas, il est rémunéré en droits d’auteur (2% du prix HT du livre) et exercice cette activité en plus d’un autre métier en lien avec les livres qu’il édite.
Quand il fait bien son boulot, le directeur de collection est une aide précieuse pour l’auteur : il apporte à la fois un regard extérieur sur le livre et une expertise sur le processus éditorial (voire sur le sujet du livre). Il peut ainsi proposer des modifications dans l’organisation des parties ou dans les formulations utilisées afin de mieux coller aux attentes du lectorat visé.
Prenons pour exemple un témoignage sur le deuil avec une phrase comme « ma mère est décédée cette semaine, je ne sais plus quel jour on est tellement je suis perdu ». Après discussion et proposition du directeur de collection, cela pourrait donner : « Aujourd’hui, Maman est morte. Ou peut-être hier, je ne sais pas. »
Comment gérer un chargé d’édition ou un directeur de collection ?
Parfois, les relations entre un auteur et son éditeur sont passionnelles et fusionnelles, elles sont faites d’échanges d’idées et d’enrichissements intellectuels, de soirées au coin du feu et d’échanges de SMS interminables… Parfois, c’est tout le contraire et il faut prendre sur soi.
La première chose à savoir, c’est que votre éditeur ne vous veut aucun mal. Il peut être abrupt et vous faire des propositions maladroites mais il a globalement le même objectif que vous : faire un livre aussi bon que possible et en vendre autant d’exemplaires que possibles. Partant de là, prenez ses recommandations comme des conseils d’ami… ce qui veut dire que vous pouvez les accepter simplement ou lui expliquer poliment pourquoi vous n’êtes pas d’accord.
La deuxième chose à savoir, c’est que votre éditeur est parfois un peu perché et que ses réflexions sont biaisées. Ainsi, il n’est pas rare qu’un éditeur pense (sincèrement) que « la cohérence éditoriale de la collection » soit un facteur déterminant et important pour le public (pour prendre un exemple classique). Pour reprendre un terme de programmation neuro-linguistique, sa « carte mentale » est donc très différente de la vôtre mais vous pouvez faire un effort pour comprendre sa façon de penser (et ainsi retourner ou exploiter ses propres arguments).
La troisième chose à savoir, c’est que votre éditeur n’a peut-être aucun pouvoir et/ou peu de temps à vous accorder. Dans certaines maisons d’édition, les directeurs de collection servent surtout à dénicher des auteurs et laissent ensuite complètement la main à des chargés d’édition qui travaillent à la chaine. Inutile dans ce cas de perdre de l’énergie à ressasser les délais de réponse ou l’absence de soutien… car rien n’y fera et ce sera à vous de faire tout le boulot (ce qui explique peut-être pourquoi certains auteurs expérimentés se tournent vers l’auto-édition).
Et quitte à me répéter : soyez ouvert à la discussion et suffisamment humble pour revoir votre texte lorsque c’est nécessaire ou profitable mais ne vous laissez pas marcher sur les pieds au point de voir votre oeuvre vous échapper. Etre publié chez un « grand éditeur » n’est absolument pas la garantie d’avoir une équipe de choc lorsqu’il faudra assurer le marketing et la promotion de votre bouquin ; ce sera de toute façon à vous de faire le boulot. Si vous n’aimez pas votre livre au point de dire et répéter tout le bien que vous en pensez, personne ne le fera pour vous.
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